Valkyrie

Fenrir suivit puisqu'il n'avait pas lâcher sa main. Ils dévalèrent la pente sans se prendre les pieds dans les pierres et les racices et se retrouvèrent dans le village.

L'agitation était plus forte et Fenrir tendit l'oreille puisqu'il ne lui restait plus que ce sens d'utilisable. Il entendait très bien même s'ils étaient loin de la foule :

"Pendez-le !"
"Les dieux doivent tous disparaître !"
"Ils nous ont tous laissé tomber."
"Meure, sale elfe !"

Ils étaient en colère contre les dieux, et ce n'était pas étonnant. Cependant, certains ne les avait pas tous laissé tomber. Le problème c'est que les humains étaient dans l'ignorance... Et leurs actes étaient tout à fait compréhensible.

Il y avait un elfe debout sur une vieille chaise, la corde autour de son coup. Il n'avait rien fait de mal mais ne s'était pas défendu. Ils étaient tous très passifs. Ils comptaient le pendre et il ne ressentait rien. Comme un corps sans âme. Une marionnette qui n'était dans ce monde que parce que les dieux le voulait ainsi. Il n'avait pas de raison de vivre, puisqu'il ne vivait pas vraiment. À quoi bon se battre pour quelque chose qu'il n'aimait pas.

Haziel se figea à la vue de l'elfe. Comme toujours, celui-ci ne faisait rien pour se défendre. La valkyrie se mordit les lèvres. Il ne pouvait pas les laisser faire. Mais aller au secours de l'elfe impliquerait forcément de révéler son identité. Et comme il n'avait pas le droit de se battre contre ce qu'il était sensé protéger, lui aussi aurait toute ses chances de finir sur une chaise miteuse, une corde au cou.

-Merde...

Freya ne lui avait pas apprit comment gérer une rébellion. Ce n'était pas prévu au programme. Il s'approcha lentement du dernier rang de la foule qui ne fit pas attention à lui. Tout les yeux étaient rivés sur l'elfe, et tous n'attendait qu'une chose, qu'on le pende enfin. Et puis, Haziel se dit que son rôle était de protéger tout le monde, et que lui avait sans doute plus de raison d'être pendu que cet elfe qui n'avait rien demandé à personne. C'était certainement une chose stupide à faire, mais tant pis.

Il disparu et se rematérialisa sur la petite estrade en bois dressée à la vas-vite, près de l'elfe qui lui jeta un regard morne.

-Arrêtez ça tout de suite. Si vous en voulez aux dieux, c'est pas les elfes qu'il faut prendre, ils n'ont rien à voir là-dedans.

Il avait faillit dire que les dieux ne les avaient pas laissé tomber, bien au contraire, mais les paroles de Fenrir étaient encore ancrées dans son esprit et il ne pouvait pas dire des choses dans lesquelles il ne croyait plus qu'à moitié. Tout le monde le regardait.

Bon, et maintenant, je fais quoi ? Quel abrutis.

Fenrir passa à travers la foule pour monter à son tour. Maintenant au côté de la Valkyrie, il fit face aux humains qui s'étaient tuent subitement. Ce n'était pas tous les jours qu'ils avaient le privilège de voir apparaître une divinité en face d'eux. En ce qui consernait Fenrir, lui avait tout à fait l'air humain.

"Une Valkyrie... Wow..."
"Ils ont entendu notre appel ?"
"Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"
Il se remirent à parler entre-eux dans la confusion du moment, se demandant ce qu'ils allaient bien pouvoir faible. Ils ne comprenaient rien, les pauvres. Ils devaient être remis sur le droit chemin.

Pendant ce temps Fenrir libéra l'elfe qui resta debout près d'eux sans rien dire.

Les humains se mirent enfin d'accord sur quelque chose et le chef du village posa une question.
"Quelles sont vos intentions Valkyrie ? Dites-nous. Que se passent-ils chez les dieux ?"
C'était un vieil homme, sage et calme.

Haziel considéra un instant l'homme sans répondre. Qu'est ce qu'il se passait chez les dieux ? Rien de spécial. Odin avait détruit la moitié de son palais dans une crise de rage ou de désespoir, Freya faisait une sorte de dépression nerveuse, tous étaient débordés par Aesir et plus personne n'avait de contrôle sur rien. On avait même choisi un homme comme Valkyrie parce que la situation devenait presque intenable.

La Valkyrie hésita.

-Les dieux... ont leur propres problèmes. La situation s'est aggravée et devient difficile à gérer. Mais ils ne vous ont pas... Ils ne vous ont pas abandonnés. Je suis envoyé pour vous aider.

Haziel n'était décidément pas à l'aise pour les déclarations publiques. Il ne trouvait pas ses mots. Mais au moins, il n'avait pas menti. Enfin, pas totalement. Il se tut, espérant que les humains s'en contenterais. Même si ce n'était pas bien brillant comme déclaration.

Des sourires apparurent sur leur visage. C'était plutôt bon signe jusque là. Haziel n'avait pas à s'en faire. De toute façon, qu'ils soient en colère ou non, les humains ne pouvaient rien faire contre les dieux.

Un chat était monté sur la petite construction en bois qui servaient à pendre les gens et vint se frotter contre la jambe de Fenrir. Ce dernier finit par s'assoir et le prit dans ses bras pour le caresser, l'air complètement ailleurs comme s'il oubliait la situation dans laquelle ils étaient.

Le vieille homme parut soulagé après avoir entendu la réponse de la Valkyrie. "Nous espérions celà mais nous ne savions pas quoi faire. Nous sommes désolées d'avoir agit ainsi. Pardonnez-nous." Il inclina la tête en signe de résignation. "Que devons-nous faire alors ? Notre peuple est effrayé. Des gens meurent par la faute des monstres qui apparaissent de nullepart. Nous n'avons pas la force de battre de tels entités... Ils nous faut des armes... et nous n'avons que des fourches et des arcs. Ils sont comme des fantômes, tout ce que nous leur envoyons les traversent."

Ce village était pauvre comparé à la plupart des autres. Ils ne possèdaient rien qui puisse les aidé. Si Haziel ne faisait rien, ils allaient tous périrent des les jours prochains.

Haziel considéra le vieil homme un long moment avant de répondre. Les armes, ce n'était pas un problème, il pouvait en fabriquer autant qu'il voulait. Mais s'il en faisait pour ces humains, il devrait rester avec eux, son pouvoir n'agissait que s'il était dans les parages. Il suffirait qu'il s'éloigne pour qu'ils se retrouvent aussi démunis qu'auparavant. En tout cas, c'est ce qu'on lui avait dit.

La valkyrie étouffa difficilement un soupir. Tout cela lui paraissait être un combat perdu d'avance. Même s'il se battait avec eux et qu'ils arrivaient à vaincre les monstres des environs, il ne faudrait que peu de temps avant qu'il n'en apparaisse de nouveaux, et ça se poursuivrait ainsi indéfiniment. Mais il ne pouvait pas non plus les abandonner à leur sort. Pour le moment, il ne voyait qu'une chose à faire.

-Je vais rester et vous aider. Les armes normales sont inefficaces contre eux, il en faut chargée en énergie spirituelle. On... on vas vous aider.

"Rester avec nous c'est vrai ?" Les humains étaient soudainement très enthousiasmés.

Fenrir sortit de sa petite bulle, relachant le chat. Il se leva et rejoint Haziel. Il voulait lui dire quelque chose mais il oublia qu'il ne pouvait pas parler. Il se tappa dans le front, se sentant complètement ridicule.

L'elfe remua et se rapprocha à son tour.
"Puis-je me permettre, Déesse de la guerre de vous suggérer une solution plus efficace afin que vous puissiez continuer votre route. D'autres gens ont besoin de votre présence, vous ne pouvez pas vous arrêter ici. Et il y a des dangers bien plus grand. J'ai entendu dire que Niffelheim prévoyait de détruire le Yggdrasil. Les elfes ne sont pas assez forts pour le protéger contre Niffelheim car ils sont les plus nombreux à présent. Véhiculer votre énergie en moi et je resterai ici pour empêcher les armes de disparaître et ainsi permettre aux humains de se défendre. C'est la raison pour laquelle nous existons. Servez vous de moi Valkyrie... Je serai heureux d'être utile...."

Fenrir sourit doucement, c'était ce qu'il voulait lui dire. Il pointa l'elfe et acquiesça pour faire comprendre à Haziel qu'il était d'accord.

Le vieux sage parut surpris. "Nous t'avons menacer, elfe, et presque tuer... pourquoi nous aider ?"

L'elfe se tut. Il n'avait pas de raison particulière. Il ne les détestait pas. Ça faisait même un bon moment qu'il les observait. Mais il avait été aperçu et les humains l'avait prit comme un ennemi. Il ne pouvait expliquer pourquoi il s'en était intéressé, ni pourquoi il voulait les aidé. Il ne savait rien. C'est tout, comme toutes les autres marionnettes qui ne servaient qu'à servir et rien d'autres. Peut-être qu'en restant ici, il allait découvrir plus que ça... C'était mieux que de rester dans la forêt des d'Yggdrasil à attendre la fin du monde...

Le vieille homme comprit que sa réponse ne viendrait jamais et soupira. "Eh bien, peut-être importe tes raisons, Merci... "

*Vivement que je parte d'ici. Il y a rien d'intéressant dans ce village perdu.* Pensa Fenrir, soulagé.

Haziel était reconnaissant à l'elfe. A vrai dire, il n'avait pas une envie folle de rester par ici et la perspective de pouvoir partir sans mettre la vie des villageois en danger le soulageait. Et comme on pouvait attendre d'un elfe, il n'avait rien dit ni rien fait paraître quant au fait que la valkyrie était un homme. Haziel se sentait redevable pour cela aussi.

Il se souvenait vaguement des leçons de Freya à propos de transfert d'énergie, et il prit doucement les mains de l'elfe dans les siennes. Dans ses souvenirs, il devait bien y avoir un contact physique, mais ça s'arrêtait là. Le reste se joua donc à l'improvisation, mais cela sembla fonctionner. Bientôt, il n'arriva plus à faire la différence entre son corps et celui de l'elfe, son énergie traversait librement de l'un à l'autre. Il rompit le contact quand cela lui sembla suffisant.

-Je te remercie. On va... on va continuer notre route, alors.

Haziel ne savait toujours pas exactement où leur route les mènerait, mais le fait est qu'il n'avait de toute façon pas trop le choix. Il quitta l'estrade, en ayant fait ses adieux au villageois, et entreprit de traverser le village d'un air décidé sensé masquer son manque d'assurance.

Les villageois saluèrent, reconnaissants. L'elfe tant qu'à lui, s'inclina poliment.

Fenrir marcha au côté de la Valkyrie, un sourire en coin bien voyant sur le visage. *Parfait. L'elfe reste derrière, et je suis à nouveau seul avec la Valkyrie.* Il ne savait pas réellement pourquoi, mais l'idée d'avoir d'autres compagnons de voyage ne l'enchantait guère. Il voulait se sentir suffisant. Mais il se doutait que ça n'allait pas durer.

"Pfiou, enfin." Dit-il une fois suffisamment éloignés.

"La ville la plus proche c'est Gerabellum. Je me demande si cette ville là et les gens qui s'y trouve méritent d'être sauvés par contre. C'est pas à moi de décider mais, ça grouille de voleurs là-bas."

Il fixa le ciel qui commençait à s'assombrir.

"C'est quand même plus prudent de s'y rendre que de rester dormir dans les régions inhabitées. Eh puis, je suis pas immunisé contre la faim tu sais." Il soupira, gardant une main sur son estomac vide. "Pas comme toi."